lundi 6 janvier 2014

| Rp | Le défi de la She-Urt Etain

Une She-Urt nommée Etain rôde dans les alentours de la cité de Fallen... travaillant, apparemment, pour l'outlaw Mordicus. Samael, notre inkosi, défie la jeune fille: elle a trois lunes (jours) pour lui dérober sa bourse. A présent, il ne lui reste qu'une ahn (heure) et, pour dernière chance, l'albinos envoie cette précieuse bourse dans la jungle, l'attachant au bout d'une flèche qu'il tire au loin... Va-t-elle réussir?


    Furieuse, Etain regagna le temple et ses roches suintantes. Elle s’assit à l’entrée de celui-ci et fondit en larmes. Soudain, elle se sentait épuisée, vidée. Triste. Un simple nom, lâché par un fou, avait réveillé chez elle des souvenirs enfouis qui la meurtrissaient. Et puis, il y avait ce jeu dangereux, de provocations et de taquineries. Ce jeu qui l’affectait bien plus qu’elle ne l’aurait voulu, qui la touchait à la fois dans sa fierté et dans sa sensibilité, qui mettait ses nerfs à rude épreuve. 

    Elle pleura durant de longues minutes, l’esprit brumeux et les idées embrouillées. Puis les larmes se tarirent et les sanglots se turent. Le visage relevé face à la jungle frémissante, la She-Urt se reprit comme elle l’avait toujours fait. Son cœur s’emballa. Elle s’élança vers le labyrinthe de verdure, prise d’un élan d’audace. Il lui restait un peu de temps. Moins d’une heure. C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Irrationnel. Irrésistible. 

    Plus de place pour la peur ni pour la mélancolie : elle avait une quête à accomplir. Elle devait sceller ce sourire narquois qui la tourmentait depuis quelques jours. Elle retournerait cet enfer vert s’il le fallait mais elle allait s’emparer de cette maudite bourse qui avait échoué quelque part dans ces contrées. Elle tenta de se souvenir de la direction de la flèche qu’il avait envoyée. Quelque part entre le temple et la cité, probablement. Cela tombait bien : elle connaissait ce coin. 

    Elle l’arpenta longuement, sondant chaque feuille de ses yeux clairs, fouinant dans chaque buisson, abîmant ses mains sales au contact des branches, se souillant encore plus qu’elle ne l’était déjà en remuant la boue qui tapissait le sol. Rien. Elle réitéra, persévéra, ne ménageant pas ses efforts pour trouver l’objet convoité. Mais le destin semblait s’acharner contre elle puisqu’elle finit par s’avachir contre le tronc d’un arbre, épuisée et bredouille. Combien de temps restait-il ? Dans sa fatigue, elle crut entendre une voix lui souffler quelques vicieux « tic tac ». 

    Elle renversa la tête en arrière, dirigeant ses pupilles vers l’azur comme pour demander au ciel de lui apporter l’aide dont elle avait tant besoin. C’est alors que l’espoir se raviva en elle. Juste au-dessus, profondément plantée dans l’écorce de l’arbre, se dressait une flèche à laquelle était accrochée une bourse. C’était assez haut mais elle était agile. Dans un sursaut d’énergie, elle se redressa sur ses jambes et se lança à l’assaut de l’arbre. Les premiers mètres furent aisés à gravir : les branches étaient solides et les prises faciles.

    Mais son ascension se compliqua tandis qu’elle prenait de l’altitude. Les branches se firent plus rares, plus fines. Plusieurs fois, elle faillit tomber. Elle parvint toujours à se rattraper mais cela au prix de nombreuses éraflures qui teintèrent d’écarlate sa chair crasseuse. Enfin, elle arriva jusqu’à la flèche. Il ne restait plus qu’à détacher la bourse -trop dangereux d’arracher la flèche dont la pointe était fermement fichée dans l’écorce- avant de redescendre. Ses doigts habiles défirent sans peine le lien qui retenait la bourse. Elle l’utilisa pour la fixer à la ceinture de corde qui lui ceignait la taille. 

    La descente fut au moins aussi périlleuse que la montée. Les blessures passées et les échardes plantées dans ses doigts ne lui facilitèrent pas la tâche. La bande de tissu rêche qui lui servait de capuche et d'écharpe à la fois se prit dans une branche, elle fut contrainte de s'en défaire au risque de finir pendue. Ce fut un véritable calvaire pour la jeune femme qui parvint tout de même au sol sans s’être gravement blessée. Elle était juste un peu abîmée. Amochée mais fière d’elle. Elle posa un regard satisfait sur son précieux butin avant de se précipiter vers la cité en mettant à profit les dernières forces qu'il lui restait. Etait-il encore temps?


     Etain gravit les marches des remparts d'un pas de moins en moins vif. Elle est déjà essoufflée et maudit intérieurement ses performances physiques qui laissent décidément à désirer... Il n'est pas question pour elle de s'enfoncer dans les profondeurs des ruines où elle ne s'est jamais rendue. Au pire, d'en haut, elle criera de toutes ses forces pour le faire venir. Elle se souvient qu'il y a une cloche là-haut, aussi, au pire. Elle atteint enfin le haut des tours, haletante. Elle relève les yeux. Il est là. Elle ouvre la bouche pour l'appeler, elle voudrait crier mais le son qui en émerge est bien faiblard : "Je... suis... là", elle souffle, "et je... l'ai."

     Samael tournait une focale curieuse vers le cri faiblard qui s'échappait, poussif, de la gorge de la fille. Son regard malicieux quand il s'agissait d'elle s'égara de nouveau sur la silhouette juvénile qui, il devait bien l'admettre, forçait son admiration. En voila une qui avait bien ce qu'il aimait chez des outlaws, l'opiniâtreté, le courage et une certaine ruse qui en faisait des adversaires redoutables, et sans conteste celle là faisait partie du lot... Il se redressa, gonflant le torse pour prendre un maximum d'air de cette fin de journée, de ce vent chaud qui arrivait de la vallée et qui jouait avec les mèches argentées des cheveux de l'albinos... D'un vaste mouvement de la main, il l'invita à le rejoindre, matant dans un même regard le soleil qui s'abaissait sur les collines... il avait dit une ahn... le compte à rebours avait été lancé... la fille était... mmmhhhh... délai dépassé ou pas?

     Etain s'avance vers lui, lentement, tout en détachant la bourse qui pend à sa ceinture. Elle referme son poing grêle sur celle-ci. Elle s'arrête à ses côtés, pantelante, levant vers lui ses iris qui, désormais exposés à la lumière, révélaient toute l'intensité de leur éclat : "Alors ?", lui souffle-t-elle.

     Samael souriait toujours, il aimait bien torturer les petites nouvelles, les mettre à l'épreuve pour estimer si elles étaient dignes de les rejoindre. Sa focale bleutée se posa sur les derniers rayons du soleil qui venait juste de s'éteindre par delà la colline, plongeant la cité dans une obscurité naissante et faisant s'allumer les premières torches. Il planta son regard si particulier, bleu très clair, dans celui de la she-urt, lui prenant la bourse de la main, la tournant et la retournant entre ses doigts, sans tourner sa focale du fin visage de la fille... il lisait son angoisse, s'en amusait..."Alors... alors, tu es en retard... tu as... perdu! Le soleil vient de disparaître regarde...j'avais dis une ahn... Mais comme tu n'as échoué que de peu, nous allons faire un autre deal... le contenu de cette bourse est à toi... MAIS tu me devras ce service... ou je veux et quand je veux... tu as un compte avec moi petite! Quand au contenu de cette bourse, il est bien a toi."

     Etain (etain.myrtle) soutient cette fois le regard qu'il plonge dans le sien. Elle sent sans peine à quel point la situation le divertit. Elle a le coeur serré. Puis le verdict tombe. Trop tard. Tout ça pour rien... Comme l'enfant qu'elle est encore au fond, elle sent les larmes lui monter aux yeux. Elle se mord sauvagement les joues pour ne pas pleurer. Goût de métal dans sa bouche. Elle se reprend. Il lui fait une nouvelle proposition. Est-ce un piège ? Elle ne prend même pas le temps d'y songer : "D'accord, d'accord...", fait-elle avec une docilité qui est loin d'être anodine. Elle détourne les yeux vers le ciel crépusculaire : "Que contient-elle, alors ?" expire-t-elle.

     Samael lui rendra la bourse sans ajouter un mot, juste un "Ouvres..." indiquera à la fille que la fin de son calvaire est proche... La bourse de cuir contient ce qui devrait combler les désirs de la fille et lui rendre la défaite plus d'acceptable... Un saphir, petit, certes mais du plus beau des bleus... une pierre précieuse venue des profondeurs de la terre et que l'albinos avait trouvé et gardé... Il étirait un sourire malicieux en attendant qu'elle ouvre la poche de cuir et déverse au creux de sa main le trésor bleuté "C'est à toi..."

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